Un soir
Dans une vallée profonde où la verdure inonde le quotidien
Un entretien est à venir...
Plus aucun oiseau ne gazouille pour cette proche annonce
Au sommet d'un chêne on pourrait voir ce qui se trame
Le calme étrange et puissant règne
Un entretien est à venir...
Un dernier rayon de soleil s'éteint sur une fougère encore humide
Une page se tourne, avec un vent pesant de chaleur
La terre en poussière décolle du sol
Un entretien est à venir...
Des nuages en armée condensée, s'avancent en silence
Le vert jauni change en bleu violacé sous des assauts entrecoupés d'une lumière aveuglante
Les ténèbres du ciel portent un message qu'aucun chien ne viendra menacer
Tous les réverbères s'enterrent, dans le respect d'un noir primordial
Tous les volets cloisonnés vibrent dans leur bois fragile
Encastrés eux aussi pour être protégés
Des humains alentours ne viendront poindre leur nez, les sculptures d'acier sont campées sur les roues de caoutchouc, sans secours
Un entretien enfin...
Seul celui qui a commandé le silence, le brise...il le tonne et personne ne s'en étonne
Le calme et la tempête font bon ménage, chacun son temps de parole
Chacun a sa place pour un contraste presque d'école
La foudre s'abat sur je ne sais quoi...elle frappe, cogne et déchire
Les arbres craquent, les toitures se vrillent, les briquent se délitent
Toutes les chutes et les cassures se font en même temps, on ne sait qui gronde et qui implore
Tout tremble, même l'air comprimé entre le ciel et la terre cherche à tâtons la fuite
Prisonniers dans une faiblesse incontestable, tous cachés par instinct ou présents par nature...sont fouettés, malmenés sous la torture d'une brutalité qui semble sans fin, et sans possibilité d'en réchapper
Un torrent s'épanche sur tous les chemins de traverse
Combat déloyal où l'on sait vite qui gagne
Un enfer en arrêt sur un morceau de terre
Aucune riposte, la Terre agenouillée, inclinée est soumise à l'emprise d'un ciel qui se déverse
Rien de palpable, sinon l'attente que tout redevienne calme
Pas de fiers, qu'une colère en tempête, la seule qui rouspète
Des 38 tonnes tourbillonnent, les danses sont courtes et violentes, où celui qui dirige conduit des morts sur une piste trempée
Les gouttes sont des lances, des pointes assassinant
Pour une fois tous s'accordent, ce ne sont pas des cordes
Les récoltes, les forêts, les piliers et palais de papiers...sont froissés, éparpillés, déchiquetés dans un chaos
Les cris sont partout, et font suite à la traversée de ce monstre pas sage
Un passage, un seul
Pour définir de quoi est capable un orage
Ceux qui les aimaient, à l'avenir les craindront, car celui-ci fut le pire
Tout pour l'Homme, comme pour la Nature est ici à reconstruire
Un seul ose sortir le premier, d'un blanc nacré sur ses ailes
Et si je pouvais l'attraper, je le nommerai "Espoir"
Car finalement c'est tout ce qu'il nous reste ici, avec la vie à recomposer au lendemain d'un seul soir